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La végétalisation urbaine en quête de modèle économique

Les villes, Paris en tête, imposent la végétalisation des bâtiments et encouragent l'agriculture urbaine. Mais, si l'écosystème se renforce avec une myriade d'entreprises, le business model reste à trouver par Marion Kindermans (Les Echos du 6 mars 2019).

A Paris, les deux plus gros projets de fermes sur les toits sont dans les starting-blocks. Sur la terrasse de 7.000 m2 de Chapelle International, futur hôtel logistique dans le 18e arrondissement, la start-up Cultivate va cultiver légumes, fleurs comestibles et aromates. Soit 50 tonnes de production par an. Et ce n'est rien à côté du futur pavillon 6 de Paris Expo, porte de Versailles, dans le 15e, qui verra, à partir de 2020, sur 14.000 m2 de toit, la production d'un millier de fruits et légumes par jour par une vingtaine de maraîchers. Même le quartier d'affaires ultra-bitumé de la Défense aura son parc de 7 hectares sur l'esplanade.

Des projets gigantesques qui ne reflètent pas la réalité d'espaces qui se déploient sur des surfaces plus petites. Une vingtaine de projets d'agriculture urbaine sont sortis de terre ou sur le point de l'être dans la capitale. Le plan de végétalisation de Paris prévoit, d'ici à 2020, l'aménagement de 100 hectares sur le bâti, dont un tiers d'agriculture urbaine. « Nous en sommes à 115 hectares, nous aurons dépassé l'objectif, et 95 % des projets se font sur des bâtiments anciens », se félicite Pénélope Komitès, adjointe à la maire de Paris chargée des espaces verts.

Le PLU de Lyon

C'est simple. A Paris, « plus aucun bâtiment ne sort sans afficher de la verdure », résume-t-on au cabinet de Jean-Louis Missika, responsable de l'urbanisme à la Ville, qui, à travers ses concours Réinventer Paris, donne la prime aux projets verts. La révision du plan local d'urbanisme (PLU) en 2016 oblige les constructions neuves à végétaliser les toits terrasses de plus de 100 mètres carrés, encourage les retraits d'alignement des immeubles pour enraciner des plantes grimpantes, et facilite la création de serres agricoles en étage.

 

L'agriculture urbaine prend racine à Paris

L'appel à projets Parisculteurs, dont la troisième édition a été lancée en juin, a multiplié l'agriculture en ville, avec 80 emplois à la clef. La Ville finance l'installation en amont (garde-corps, étanchéité de la dalle, escaliers, monte-charge…) et met à disposition un assistant à la maîtrise d'ouvrage pour un budget de 21,8 millions d'euros pour la mandature. Paris n'est pas le seul. Lyon a intégré en 2016 dans son PLU un coefficient de végétalisation de 30 % pour toutes les nouvelles constructions (dont la moitié en pleine terre). A Marseille, le long de la L2, la fondation Véolia et l'association Heko vont créer la ferme urbaine le Talus sur un hectare de friche. Outre le bien-être des habitants, la création d'ilôts de fraîcheur est au coeur du sujet.

Start-up

« La végétalisation dans les projets urbains en est encore à ses débuts, elle a décollé il y a cinq ans », rappelle Najoua Arduini, directrice du développement Promotion de GA Smart Building. Certes, l'écosystème se consolide. Une myriade de start-up, qui commencent à grandir, gravitent dans le secteur comme Topager, Sous les Fraises, Merci Raymond, Agripolis, Cultivate, Agricool, Peas & Love… Les sites sont exploités par des start-up, des jeunes agriculteurs ou des associations. Mais tous sont en quête du bon business model. Et la problématique de l'entretien à long terme et de son financement n'a pas été réglée.

 

« Beaucoup de projets sont annoncés, mais peu sortent de terre, car le modèle économique n'a pas été trouvé ; les permis de végétaliser sont faciles à obtenir à Paris, mais la difficulté est de les entretenir », souligne Hugo Meunier, fondateur de Merci Raymond, qui mise sur des ateliers collaboratifs. Pour Nicolas Bel, cofondateur de Topager, qui exploite le toit de l'opéra Bastille via un système de livraison de paniers de fruits et légumes, la solution passe par la mise en culture des espaces verts : « Pour rendre une toiture végétalisée rentable, il vaut mieux la cultiver, car l'entretien sera alors réalisé par un exploitant agricole qui y fera son business. » Et en cas de faillite, le potager est réversible.

 

« Aberration écologique »

Nexity financera pendant un an les jardins suspendus de sa tour réalisée avec Roland Castro à Aubervilliers, avant de faire financer l'entretien par les charges des locataires. « Il faut libérer le sol pour faire des espaces verts en pleine terre, car tartiner des façades avec des plantes en bac est une aberration écologique », pourfend Jean-Philippe Ruggieri, son directeur général délégué. Tous les regards sont tournés vers le projet vert le plus ambitieux, « Mille arbres », l'immeuble-pont qui passera au-dessus du périphérique, porte Maillot d'ici à 2022. Ce n'est plus la nature, mais la forêt dans la ville.

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