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Agriculture urbaine : « Pour bien nourrir les villes, il faut retisser les liens avec les agriculteurs »

Thierry Blandinières, directeur général d’InVivo group, partage son expérience et sa vision sur le premier de ces défis : nourrir la ville.

 

Thierry Blandinières, directeur général d’InVivo group, partage son expérience et sa vision sur le premier de ces défis : nourrir la ville.

54 % de la population mondiale vit aujourd’hui dans les villes et ce pourcentage devrait, selon l’ONU, atteindre 65 % en 2050. La planète comptera à cette date au moins 43 villes de plus de 10 millions d’habitants. Comment nourrir ces villes au sein desquelles la demande alimentaire augmente et se transforme, alors que les terres agricoles reculent toujours plus loin, et que les consommateurs urbains veulent pouvoir « mettre le visage du paysan sur les aliments », dixit une expression japonaise ?

Aujourd’hui, les consommateurs des villes souhaitent renouer avec la qualité et la traçabilité de leurs approvisionnements alimentaires, d’où la popularité des circuits courts et de la proximité. Les circuits courts font référence au nombre d’intermédiaires (zéro ou un) entre le producteur et le consommateur ; les produits locaux se réfèrent à une distance entre le lieu de production et le lieu de consommation. Tous les circuits courts ne sont donc pas alimentés par des produits de proximité, de même que les produits de proximité peuvent être vendus autrement que par des circuits courts.

Le cas de l’Ile-de-France est, de ce point de vue, très instructif. Contrairement à d’autres métropoles, l’Ile-de-France se situe au cœur d’un bassin agricole d’une richesse exceptionnelle ; pour autant, les 5 600 exploitations franciliennes ne peuvent pas répondre aux besoins alimentaires de 12 millions de consommateurs. Dans les circuits courts d’Ile-de-France, un agriculteur sur deux n’est donc pas Francilien. D’une façon générale, le développement des circuits courts, auquel InVivo participe activement avec l’enseigne Frais d’ici ­– dont un magasin parisien devrait naître en 2020 – ne peut reposer intégralement sur un approvisionnement de proximité, tant en quantité qu’en diversité des produits.

Il faut donc trouver des solutions pour produire tout au long de l’année des quantités et une variété plus large de légumes et de fruits au sein des villes. De ce point de vue, l’agriculture urbaine – qu’on peut définir comme l’usage des espaces urbains à des fins alimentaires – apparaît comme la solution idéale puisqu’elle permet notamment de réduire nettement l’empreinte écologique des cultures.

En Europe, l’agriculture urbaine se justifie peu car les métropoles restent de taille raisonnable. Pourtant il est important de s’intéresser dès aujourd’hui à ces nouvelles formes d’agriculture basées sur des modèles high tech, afin de participer à cette évolution mondiale, proposer des solutions pour de nouvelles cultures complémentaires des cultures traditionnelles, et permettre de rapprocher urbain et agriculture. C’est un complément indispensable à l’agriculture traditionnelle pour les années à venir. Et c’est ainsi que nous serons capables de proposer des solutions maîtrisées pour installer des productions alimentaires efficaces dans toutes les grandes métropoles.

Dans ce domaine, l’agriculture « indoor » apparaît comme un mode de culture optimal car ce système offre une parfaite maîtrise des paramètres de culture – température, lumière, alimentation racinaire et hygrométrie – tout en délivrant une production écoresponsable, utilisant la juste dose d’eau et de nutriments en circuit fermé (sans pesticide). Tout cela avec une empreinte carbone proche de zéro, grâce au circuit court et à l’absorption par les plantes du CO2 présent dans leur environnement.

Au-delà de la seule proximité, nous devons nous attacher à retisser les liens entre agriculteurs, acteurs de la transformation, de la distribution, du transport, de la logistique et les consommateurs urbains, au sein d’un système alimentaire français pris dans sa globalité. Les circuits courts comme l’agriculture urbaine doivent être vus comme des canaux d’articulation entre des mondes qui se sont éloignés : l’agriculture et les villes.  C’est à cette condition que nous pourrons assurer un approvisionnement alimentaire des villes, durable, de qualité et diversifié. Sans oublier la lutte contre les gaspillages alimentaires tout au long de la chaîne de valeur.

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